L'éruption de 1902
Le 8 mai 1902 vers 8h du matin, une terrible détonation réveille la ville et une nuée s'échappe du volcan et se dirige vers la ville de Saint-Pierre.
Les Prémices
Au début de 1902 les premiers signes d'une catastrophe sont présents: fuite des
oiseaux et des serpents et déjà de fortes odeurs de souffre empestent la ville de
Saint-Pierre. Mais chassées par un flux d'alizés constant, les habitants
s'accomodent de ces odeurs. Mais le 23 avril, un tremblement de terre
sème la confusion.
Le 25 avril, une nouvelle secousse suivie d'une pluie de cendres
s'abat sur Le Prêcheur et attire la curiosité des habitants.
Le 2 mai, des cendres volcaniques tombent sans interruption. Pendant la
journée du 4 mai une énorme masse de boue descend de la
montagne détruisant quatre distilleries et provoquant d'énormes vagues en
atteignant la mer.
Le 5 mai, le barrage de l'Etang-Sec se rompt. L'eau se
déverse rapidement, ensevelit une usine et fait vingt-cinq morts. C'est le début
de l'angoisse pour les habitants de la région.
L'éruption
Le 8 mai au matin, un peu avant 8 heures, une importante explosion
suivie d'une nuée ardente ébranle Saint-Pierre et ses environs. Ejectée
du volcan, une coulée de lave dévale ses flans et se sépare en deux à l'approche
de Saint-Pierre. Elle cerne la ville qui sera anéantie en quelques secondes par la
nuée ardente qui se déplace à la vitesse de 130 à 150 mètres
par seconde, détruisant tout sur son passage. 28 000 personnes périssent et
même les bateaux ancrés dans la rade ne sont pas épargnés. Il ne
resta que 2 survivants: Louis Cyparis prisonnier dans sa géole et le cordonnier
Compère.
Jusqu'au 6 juin, l'activité du cratère reste violente et l'on peut noter
trois nuées ardentes semblables à celle du 8 mai (20 mai,
26 mai et 6 juin). Du 6 juin à la mi-août, on observe un calme
relatif; il est suivi d'une recrudescence jusqu'au 30 août, jour où se
produit la plus fantastique nuée ardente de l'éruption, qui détruit les
villages de Morne-Rouge et d'Ajoupa-Bouillon, et tua un millier de personnes
réfugiées. Mais la phase finale sera la plus instructive pour les géologues
qui surveillent l'éruption, car elle se caractérise par la construction du
dôme et la mise en place d'aiguilles rigides. Le dôme atteint 1353m et ne cessera
de s'accroître jusqu'en septembre 1903. L'aiguille commence à pousser au début de
novembre 1902. Sa base est située, au départ, à 1343m; elle atteint 1575m le
24 novembre et 1600m à la fin de mai 1903. Dans sa première
phase d'ascension, l'aiguille croît à une vitesse moyenne de 10m par jour, avec
un maximum de 60m par jour.
L'explication
Le nombre des morts peut paraître important pour une éruption que de nombreux
signes précurseurs pouvaient laisser prévoir. Mais au mois d'Avril, la ville de
Saint-Pierre est en pleine période électorale. Comme il a eu ballotage au
premier tour du 27 Avril, les Pierrotins devront retourner aux urnes le 11 mai.
Mais les habitants sont inquiets des signes d'activité
du volcan et beaucoup souhaitent quitter les lieux. Pour éviter une désertion
avant les élections le gouverneur de l'époque sur l'avis des scientifiques,
rassure la population de Saint-Pierre.
Dans la soirée du 7 mai, une commission a rédigé
une conclusion dans ces termes : "Tous les phénomènes qui se sont produits
jusqu'à ce jour n'ont rien d'anormal et sont au contraire identiques aux
phénomènes observés avec tous les autres volcans.". A cette époque
les nuées ardentes sont inconnues des vulcanologues. Le gouverneur Mouttet
considéré comme principal responsable du nombre élevé de victimes
périt avec sa femme dans la catastrophe.